Randonnées

De Bretagne ou d'ailleurs

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Skye Trail

Troisième jour. Loch Langaig - Bealach’ a Cuirn 

J’entends le réveil des tchèques. Je regarde ma montre. Six heures. J’avais mis le mien à sonner à sept. Ce n’est peut-être pas plus mal de se lever plus tôt.

Petit-déjeuner, pliage de tente, nous décollons un peu avant huit heures. Les tchèques prennent leur temps.

Ça monte rapidement. Il fait frais mais un t-shirt suffit.

Le paysage change du tout au tout avec la veille. On passe de la mer à la montagne.

Je m’y attendais, mais y être confronté est radicalement différent.

On ne cesse d’être impressionné par ce qui s’étend devant nous. Quelques rayons de soleils filtrent à travers les nuages. Nous sommes encore seuls sur le chemin.

Nous croisons un premier groupe de personne en arrivant au Quiraing puis nous en croisons de plus en plus en nous en éloignant.

Au niveau d’un ruisseau en cru, des français nous font l’amabilité de passer. « Allez-y, allez-y ». je ne leur réponds pas.

Je me souviens de cette conversation avec ma compagne, quelques jours auparavant, au sujet des français à l’étranger. Elle s’occupait de recevoir les visiteurs au pavillon Roumain d’architecture à la biennale de Venise. Les français étaient les seuls à ne pas chercher à communiquer dans une autre langue que la leur.

Nous passons la route, il y a un parking, ce qui explique cette concentration de gens. Ils finiront par disparaître rapidement.

Il n’y a plus de chemin, nous suivons la ligne de crête.

Le paysage se fait de plus en plus désert, quelques moutons par-ci par-là, d’un côté ou de l’autre pas d’habitations, seulement des lochs, des collines, la mer.

La route monte, descend, remonte, redescend. C’est très éprouvant, mais on se laisse happer par la volonté de découvrir ce qu’il y a après. Je pense souvent à dire « c’est bien ici, arrêtons nous là, nous avons assez de nourriture pour trois jours, plantons la tente. c’est les vacances après tout. »  et puis je ne dis rien, je continue, un peu par fierté peut-être.

Le ciel est couvert mais pas de pluie, nous sommes soulagé. Les chemins (?) sont tout de même gorgés d’eau et donnent l’impression de marcher sur des éponges, ce qui rend la marche encore un peu plus physique.

 

Les bouteilles d’eau se vident rapidement, il faut tout de même faire attention, il y a peu d’endroit pour en trouver. Quelques courts d’eau seulement. Lorsque nous remplissons nos bouteilles par précaution nous ajoutons une pastille de micropur. Il y a parfois des animaux morts et beaucoup de déjections de moutons (est-ce vraiment mauvais ?).

Nous décidons de marcher encore un peu et de nous arrêter au niveau de Bealach’ a Cuirn, juste avant la montée de The Storr.

Les derniers kilomètres nous demande de puiser dans nos réserves d’énergie.

Nous arrivons à Bealach’ a Cuirn. Le vent est y fort, il n’y a pas vraiment d’endroit abrité ni de surface plane. Au loin les nuages sont noirs, ça sent la tempête. Nous plantons la tente au mieux, même si nous ne sommes pas vraiment satisfait de notre choix.

La pluie tombe peu après. Je suis à bout, lessivé, je me mets à grelotter. la fatigue, le froid, l’effort ? Je plonge dans le sac de couchage. Je commence à aller mieux, dehors ça se calme, mis à part le vent. Nous sortons.

Dehors tout est blanc, on ne voit pas à deux mètres, nous sommes entouré de brume. nNus n’avons vu personne de l’après-midi, il n’y a pas âme qui semble vivre à des kilomètres et l’espace autour de notre habitat malmené semble s’être réduit à quelques mètres carrés.

sensation d’isolement et d’enfermement, comme piégé.

Nous rentrons rapidement, le vent est gelé. Nous mangeons un peu. La pluie ne tarde pas à s’abattre de nouveau. Isa se met rapidement à dormir. Ça me parait impossible. Le vent souffle fort, il soulève la tente, semble vouloir l’arracher du sol.

Le temps passe, quelques accalmies. Je sors une ou deux fois mettre des pierres entourées de vêtements pour étendre les parois afin que celles-ci ne touche pas la toile intérieure. Ça fonctionne. Ça ne s’arrête pour autant pas de claquer, de vibrer, de vrombir.

Je ne sais plus quoi faire, je suis épuisé, je n’arrive pas à faire abstraction de la force qui nous entoure et qui semble prête à nous emporter. Je me mets à manger. Du pain, des barres de céréales, des fruits sec, du chocolat, beaucoup de chocolat. J’avais lu, sur un site d’information sans intérêt, que c’était un antidépresseur naturel.

Ça ne marche pas, j’en mange quand même. Et puis je pense à la grande bouffe de Marco Ferreri. Ce n’est pas avec ce qu’on a comme nourriture que je vais mourir de trop manger. L’idée me fait sourire, ça me fait penser à autre chose. ça me détend presque. La nuit risque d’être longue.

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